[Poitiers] Le harcèlement contre Clément doit cesser !

Publié le par Pavillon Noir

Lors de la dernière Fête de la musique s’est produit à Poitiers ce que la presse a élégamment qualifié de “rixe” entre des jeunes et la police, et qui a en fait constitué un véritable tabassage policier de militants et militantes connus pour leur engagement politique.

 

Ce 21 juin, les nombreux policiers en uniforme et en civil n’ont ainsi pas lâché ces jeunes ; et, prenant prétexte d’une menace qui aurait été formulée à l’encontre du commissaire Papineau – ce sans que nul autre que lui ne l’ait entendue –, et d’une canette qui aurait atterri à ses pieds pendant la fête, ils ont violemment interpellé peu après et ailleurs deux filles et quatre garçons. Ils les ont ensuite gardés à vue sous les inculpations de “rébellion”, “outrages” et “violences” ; puis douze policiers se sont constitués partie civile, cinq parmi eux affirmant de plus avoir été blessés par les jeunes. Quoique désarmés face aux matraques des policiers et se présentant à eux l’un après l’autre, ces jeunes étaient donc apparemment d’une efficacité aussi redoutable qu’extraordinaire !

 

Le 23 juin au palais de justice, quand a été examinée la demande de comparution immédiate pour eux, on a pu constater leur état physique (hématomes, traces de sang, épuisement…). En particulier pour Clément, qui avait les yeux pochés – son crâne a peut-être heurté le sol lors de son interpellation ? a suggéré un policier à la barre ; ou alors ses yeux auront heurté des plots ? a avancé un autre, le tout sans crainte du ridicule ni susciter les rires du jury… On a pu voir aussi les sourires de la trentaine de policiers présents dans la salle et autour – et cela suffisait pour comprendre que ceux-ci s’étaient fait plaisir tout en gérant bien leur affaire afin d’envoyer au trou ces jeunes qu’ils ont dans le collimateur depuis des années. Cinq d’entre eux ont été placés en préventive ; l’une des filles, laissée en liberté provisoire, a été soumise à un contrôle judiciaire. Heureusement, le soutien apporté par environ cent cinquante personnes au palais de justice lors du procès, le 8 juillet, a contribué à la libération de tous. Leurs avocat-e-s, qui ont mené une défense collective, n’ont eu que l’embarras du choix pour faire ressortir les nombreuses aberrations, contradictions et contrevérités dans un dossier complètement à charge – l’accusation reposant sur les seuls témoignages des policiers, également partie civile, alors que d’autres personnes avaient été témoins des événements, et l’enquête sur le terrain ayant été inexistante… Pour finir, si les deux premières inculpations ont été retenues, celle de “violences” a été écartée. Les peines n’en ont pas moins été de 15 jours de prison ferme pour l’un des six jeunes, 2 mois d’emprisonnement avec sursis pour quatre autres (ainsi que 70 heures de travaux d’intérêt général, TIG, pour deux d’entre eux) et 70 heures de TIG pour la sixième, sans compter les amendes (dont 1 500 euros solidairement).

 

Cette décision de “justice”, déjà scandaleuse, n’a pourtant pas suffi :

- d’une part, le commissaire Papineau a fait appel contre les six jeunes. Et si – à la veille du nouveau procès qui s’est déroulé le 18 février, et à la dernière minute – il est revenu sur sa décision pour recentrer sa charge contre une des deux filles (rendu à venir le 24 mars), son choix initial de poursuivre visait au minimum à maintenir la pression sur l’ensemble des jeunes ;

- d’autre part, peu de temps avant ce procès en appel, des policiers ont de nouveau interpellé Clément, de façon assez crapuleuse. Après l’avoir fait sortir dans la rue alors qu’il se trouvait dans un appartement avec des amis, invité à un anniversaire le soir du 5 février, ils lui ont passé les menottes, sans doute histoire de favoriser un motif de “rébellion” ; et ils l’ont inculpé d’”ivresse sur la voie publique” alors qu’aucun alcootest n’a été réalisé. Puis, sans doute aussi histoire de faire bonne mesure et d’étoffer un peu le dossier pour le procès du 18 février, ils ont ajouté quelques inculpations supplémentaires, comme l’”outrage” pour un tutoiement qui a échappé à Clément – chose qui, c’est bien connu, n’arrive jamais à un membre de la police. Après quoi, ils l’ont laissé ressortir de sa garde à vue une fois passé l’heure du rendez-vous qu’il avait avec son avocate pour préparer le procès du 18. Cerise sur le gâteau : Clément a été convoqué à un second procès… même jour même heure mais pas même salle que le premier. Le juge était aussi le même que celui du procès du 21 juin, où le procureur avait requis à l’encontre de Clément 70 jours-amende. Il a déclaré qu’il connaissait Clément, et que comme celui-ci comparaissait pour les “mêmes faits”, il était coupable – et Clément a été condamné à… trois mois de prison ferme !

 

Face à un tel acharnement, il faut le crier haut et fort : Ça suffit !

 

Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux antirep86@free.fr – www.antirep86.fr

Publié dans Bienvenue-s à Gattaca

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